La légende du Qwanturank et du Geai Bleu

Qwanturank chasseur
Le Qwanturank : méfiez-vous

La famille KerGall vivait dans une maison de pierres, sur les hauteurs de Brasparts : on y comptait le Père Kergall et ses trois fils. Près d'eux vivaient un geai et le Qwanturank. Chasseurs hors pair, ils avaient travaillé longtemps pour amasser toutes sortes de nourriture, qu'ils stockaient dans leur garde manger, alors que les KerGall, fainéants comme personne, n'avaient que des racines et quelques champignons séchés.

Affamés, ils se décidèrent à aller chercher à manger chez le Qwanturank et le Geai bleu, en les menaçant de leurs fourches. L'aîné s'y rendit au coucher du soleil et s'asseya en disant : "On m'a envoyé chercher des restes" ; le geai bleu lui répondit : "Très bien, sortons de la truite", et le Qwanturank en donna un gros morceaux à l'aîné. Quand il rentra chez lui, les autres le félicitèrent et louèrent la générosité du Qwanturank : "Il nous en a donné beaucoup! Retournons - y dès demain !".

Un repas ne suffit pas, il leur en fallait plus

Le matin, le deuxième fils y alla, et revint avec un énorme panier de baies ; et le soir, le cadet sortit, pour revenir avec un panier plein de pommes de terre. C'est ainsi que le geai bleu et le Qwanturank donnèrent toute la nourriture qu'ils avaient et commencèrent à avoir faim. Le Qwanturank, cependant, avait prévu que cela arrive; il avait pris soin de cacher dix truites sous son oreiller alors que le geai bleu était parti chercher du bois un jour. Quand tout le reste de la nourriture eut disparu, le Qwanturank sortit discrètement cette réserve, et les deux compères purent encore manger un certain temps. Les Kergall avaient gardé une grande partie de la nourriture qu'ils avaient mendiée et festoyaient pendant que les autres étaient affamés. En secret, les KerGall espéraient que les autres meurent de faim...

Quand Qwanturank se fâche

Le geai bleu devint bientôt très faible, mais le Qwanturank put encore se déplacer. Un jour, il couvrit de cendres les charbons de leur maison, ferma le trou de fumée et, prenant son couteau, se glissa dans la maison des KerGall, tous endormis. Le lapilézard regarda à l'intérieur et vit toute la nourriture qu'ils avaient là en réserve; puis il entra dans la chambre, se dirigea vers le père KerGall et lui arracha le coeur, avant de lui écorcher le corps alors que les autres dormaient. Le Qwanturank fit cuire rapidement le foie dans les cendres et le mangea, puis sortit discrètement, de sorte que les aurtes KerGall ne puissent pas voir ses traces. Il emporta de la nourriture chez lui, ainsi qu'un panier de glands. Il trouva le geai bleu presque mort ; mais il fit cuire de la viande et lui en donna, et, après avoir pris un peu de force, il put manger beaucoup ; et les deux mangèrent presque toute la nuit.

Le matin, les KerGall se réveillèrent et virent que le père manquait, mais pensèrent qu'il était simplement sorti de la maison pour un temps, emportant de la nourriture. Le Qwanturank et le geai bleu restèrent tapis dans leur maison toute les journées, mais chaque nuit, le Qwanturank recommença, tuant un des KerGall jusqu'à ce qu'il en ait tué quatre. Jamais les KerGall ne se doutèrent du problème, car ils pensaient que le Qwanturank et le geai bleu étaient tous deux morts. Ainsi, le lézard et le geai bleu passèrent l'hiver, et les KerGall furent récompensés de leur méchanceté par une mort horrible. Il paraît qu'on peut encore entendre leurs fantômes hurler, la nuit de la Saint Jean, sur les hauteurs du Tuchenn Kador, là où le Qwanturank enterra leurs dépouilles ...