Il y a longtemps, Brasparts était un village prospère, mais un Qwanturank vivait dans ses eaux de source de la Douffine. Le Qwanturank était aussi sauvage qu'un diable, aussi laid qu'une malédiction et aussi affamé qu'un troupeau de furets. Cette horrible bête, que les habitants de la région appelaient "Ar Qwanturank", mangeait des maouez (jeunes femmes) qui s'approchaient paisiblement de la source du lapilézard pour remplir les amphores d'eau chaque après-midi.
On dit qu'au début, le Qwanturank ne mangeait qu'un seul homme ou une seule femme pendant une longue période, peut-être parce qu'il était encore jeune et petit. Au fur et à mesure que le Qwanturank grandit, son estomac se fut tellement agrandi qu'il devait manger une jeune femme chaque jour. Tôt le matin, il faisait également son petit déjeuner d'un monsieur rentrant chez lui après avoir été avec une bonne ou un jardinier endormi qui approchait la source. La situation était insoutenable. Personne ne s'approchait de sa cachette. Quand il avait faim, il quittait la grotte et explorait les rives de la Douffine, à la recherche de nourriture pour soulager la douleur de son énorme estomac. La situation ne pouvait pas être pire.
Un beau jour, Roparzh, un courageux prisonnier, proposa de tuer le Qwanturank en échange de sa liberté. Le conseil accepta son étrange proposition et il les rencontra pour leur expliquer son projet de tuer la bête. S'il réussissait dans l'entreprise, il serait libéré de prison. Il demanda au conseil s'ils pouvaient lui donner une peau de mouton provenant d'un mouton récemment mort (pour que l'odeur soit comme si l'animal était encore vivant), de la poudre à canon, un grand sac de pain chaud (pour attirer la bête avec l'odeur) et un cheval rapide.
Au début de la lune, alors que le Qwanturank dormait, Roparzh se dirigea vers la cachette de la bête. Tout se passa selon son plan : après que l'énorme bête se soit réveillée, elle suivit l'odeur du pain chaud que Roparzh avait laissé, jusqu'à ce qu'elle arrive sur la place Saint Antoine. Là, la bête vit la peau de mouton, préalablement remplie de matière explosive. Roparzh alluma la mèche et le Qwanturank mangea la peau de mouton en une bouchée. La poudre à canon brûla l'estomac du Qwanturank, explosant avec un bruit énorme entendu dans tout les Monts d'Arrée.
Certains disent que le Qwanturank a été tué par un vaillant chevalier, d'autres disent que c'est un berger dont le troupeau de moutons a été tué par la bête ou que le Qwanturank est mort après avoir mangé trop de pain. On dit aussi qu'il a été tué par un chevalier habillé de miroirs; Quoi qu'il en soit, lorsque le Qwanturank a explosé, trois jours de vacances ont été donnés aux bugaled de la ville. Les rues étaient pleines de joie et de vin. Les jeunes paotred allaient chercher de l'eau à la source, les fermiers se détendaient et les rebouteux pouvaient à nouveau guérir. Depuis lors, quand quelqu'un explose d'une grande colère, on dit de lui qu'il "explose comme le Qwanturank de la Douffine" car il n'y eut jamais explosion aussi bruyante dans les Monts d'Arrée.
Roparzh, quant à lui, fut libéré sur le champ et célébré comme un héros. Il devint citoyen d'honneur puis maire de Brasparts, et fut, selon les écrits, le maire le plus sage que Brasparts eût jamais connu.