La légende du premier Qwanturank

Premier qwanturank
Le premier Qwanturank

Soazig la douce

Il y a longtemps, il y avait une mère appelée Soazig qui aimait profondément son fils unique. Habitant sur les hauteurs de Brasparts, elle était une femme pieuse et son fils imitait la plupart de ses bonnes actions, qui étaient nombreuses. Son fils était bon de cœur, mais jeune; la femme savait qu'il avait encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir adopter pleinement les voies de la sainteté.

Dieu décida de mettre à l'épreuve la piété et l'amour de ce jeune fils pour sa mère. Il envoya une belle femme pour capturer le coeur avide du jeune homme. La belle femme exhorta le fils à garder leurs rencontres secrètes de sa mère, et bien que cela le peinait de le faire, car il n'a jamais eu de secrets pour sa mère, il obéit. Mais le véritable défi n'avait pas encore été relevé...

La tentation

La belle femme séduisit le garçon pour qu'elle puisse lui faire promettre qu'il ferait tout ce qu'elle lui demanderait. Elle lui demanda donc - s'il l'aimait aussi sincèrement qu'il l'avait déclaré - de lui arracher le cœur de sa mère et de le lui apporter. Le jeune homme, aveuglé par l'amour, massacra consciencieusement sa mère bien-aimée. Il était exactement six heures du soir, et sa mère récitait alors l'Angélus. Il apporta le coeur encore battant de sa mère vers l'endroit où il savait que la jeune fille l'attendait. Mais quand il arriva à leur lieu de rencontre, la fille n'était pas là... Le coeur battant se mit alors à parler. Sous le choc, le garçon laissa tomber le coeur, et il tomba dans une fissure du sol.

La berceuse du Qwanturank

"Tu as mal, mon enfant ?" demanda le cœur de la mère. "Laisse-moi te chanter la berceuse, pour t'endormir. Kant Uc'hank, Kant U'chank, ni breiziz ar galomp karomp hon gwir vro ... Kant Uc'hank,Kant Uc'hank" Le coeur se mit à chanter doucement la berceuse de Kant Uc'hank, avec autant d'amour que Soazig l'aurait. Abattu par le remords, le fils tomba à plat ventre et embrassa le sol sur lequel le coeur reposait. il était tellement rempli de culpabilité et de chagrin qu'il ne se rendit pas compte de sa métamorphose : il changeait, il rapetissait, perdant tous ses cheveux et ses vêtements. deux oreilles se développèrent et une fourrure se mit à pousser sur son visage ... il était devenu une petite chose aux pieds palmés à tête de lapin, qui embrassait et baisait le sol comme pour implorer le pardon de sa mère. Ne restait de son temps humain que le souvenir de la berceuse Kant Uc'hank, qu'il prit comme son nouveau nom.

La malédiction qui engendra le Qwanturank

À six heures précises chaque soir, lorsque l'Angelus sonne à l'église de Brasparts, le Qwanturank descend des murs de la maison et rampe jusqu'au sol, où il fait de légers bruits de tic-tac comme des baisers rapides. On dit que le Qwanturank ne s'est pas encore racheté à ses propres yeux, et qu'avec ses grandes oreilles il essaie d'entendre le battement ancien du coeur de sa mère, et la berceuse qui ne s'arrête pas.